Saint-Malo : un week-end entre SolarWrap, regard des autres et liberté
Il y a des décisions qui ne s’expliquent pas tout de suite. J’ai réservé ce week-end à Saint-Malo sans vraiment mesurer pourquoi. J’y allais pour rejoindre un confrère du réseau SolarWrap, dont je fais partie depuis quelques mois.
SolarWrap, c’est un réseau d’agences spécialisées dans le recouvrement mobilier (home wrap) et dans les films anti-chaleur pour vitrages (home solar). C’est une aventure collective, mais que l’on vit au quotidien de façon très individuelle. Comme beaucoup d’entrepreneurs, je connais bien cette solitude : décider seule, avancer seule, parfois douter seule.
Alors quand l’occasion s’est présentée de rejoindre l’agence SolarWrap Côte d’Émeraude sur un stand dans une galerie commerciale, j’ai dit oui. Ce n’était pas le meilleur moment pour moi, mais je savais que c’était nécessaire. Parce que partager un moment de terrain, confronter ses idées et ses mots au regard direct du public, c’est un exercice exigeant. Un exercice qui confronte à ses forces, mais aussi à ses failles.
Je ne le savais pas encore, mais ce week-end allait m’apporter bien plus qu’une expérience professionnelle. Il allait me rappeler un travail que je mène depuis longtemps : apprendre à me libérer du regard des autres.
Affronter l’inconfort plutôt que l’éviter

Tenir un stand en galerie commerciale, ce n’est pas simple. Les regards se croisent, certains s’arrêtent, d’autres non. Chaque réaction est une forme de retour immédiat, parfois encourageant, parfois déstabilisant. J’ai déjà vécu ce type d’expériences, et à chaque fois le syndrome de l’imposteur revient. Cette petite voix qui dit : “Tu n’es pas assez légitime. Tu n’as pas ta place ici.”
Et pourtant, c’est précisément dans ces instants que je grandis le plus.
À Saint-Malo, j’ai choisi d’aller encore plus loin. J’ai décidé de prolonger ce séjour en prenant du temps pour moi.
J’ai marché sur la plage, et surtout, je me suis offert un repas seule, face à la mer.
Manger seule dans un restaurant peut sembler anodin, mais pour moi, c’est un véritable exercice. On sent les regards, on imagine ce que les autres pensent, on se demande si l’on est à sa place. Cet inconfort, je l’ai accueilli. Je me suis offert ce moment comme un rituel : choisir le meilleur, savourer, et m’honorer. Ce jour-là, l’univers m’a fait un cadeau en retour.

Le SLOW : perdre du temps pour en gagner
Depuis des années, je partage le principe du SLOW. Ce n’est pas seulement ralentir : c’est une méthode, une philosophie.
- S comme Soi : penser à soi, redéfinir sa propre version du succès.
- L comme Légèreté : ralentir, lâcher prise sur ses peurs et ses croyances.
- O comme Ouverture : accepter d’explorer d’autres pistes, rester curieux.
- W comme Why / Work : se reconnecter à son pourquoi, et poser les bonnes actions.
J’ai souvent dit à mes clientes (en coaching) : quand la peur monte, quand tout semble incertain, la solution n’est pas de se lancer dans mille nouveaux projets pour se rassurer. La solution, c’est de se concentrer sur l’existant. Reprendre le temps d’appeler ses amis, ses collègues, renouer avec l’humain, là où l’on pense souvent “perdre du temps”.
En réalité, ce temps “perdu” nous en fait gagner beaucoup plus. Parce qu’on retrouve de la clarté, de la créativité, du lien social. Parce que de nouvelles idées surgissent. Parce que l’univers nous renvoie toujours quelque chose.
C’est exactement ce que j’ai vécu à Saint-Malo. En acceptant de ralentir, j’ai reçu bien plus que ce que j’étais venue chercher.

Conclusion : l’inconfort comme passage obligé
Ce séjour à Saint-Malo n’a pas été une simple parenthèse. C’était un nouveau pas dans ce chemin que je trace depuis des années : celui des challenges, parfois inconfortables, mais toujours porteurs de croissance.
Mon véritable défi reste le même : oser me fixer des objectifs toujours un peu plus grands, avancer étape par étape, même quand tout n’est pas clair, et accepter que ce n’est qu’avec le recul que les points se relient.
C’est ainsi que chaque expérience prend sens. Chacun de ces petits pas me rapproche de qui je veux devenir, et de ce que je veux transmettre.
C’est d’ailleurs ce que je développe dans mon livre Un jour je volerai, disait la chenille, où je raconte comment ces défis, qu’ils soient personnels ou professionnels, m’ont permis de construire mon chemin.
Alors ma question est simple :
Quel petit pas êtes-vous prêt à faire aujourd’hui pour, demain, relier vos propres pointillés ?
Pour aller plus loin sur ce thème, je partage ici la transcription d’un TEDx qui m’a beaucoup marquée : David Laroche – Se libérer du regard des autres en 5 minutes.
Ressource : TEDx de David Laroche – Se libérer du regard des autres en 5 minutes
Alors, comment pouvons-nous expliquer que certaines personnes osent alors que d’autres n’osent pas ? Comment on peut expliquer que, par exemple, Antoine Griezmann, à qui on a dit qu’il était trop petit pour faire du football, et a été rejeté par quatre clubs, puissent obtenir la Coupe du Monde ? Comment on peut expliquer qu’une personne comme Charles Aznavour, ses professeurs de chant lui ont dit qu’il n’avait ni la taille, ni la voix, et qu’il ferait mieux de changer de carrière, puisse devenir une légende de la chanson ? Comment on peut expliquer finalement que certaines personnes arrivent à dépasser, transcender la peur qu’on peut avoir quand on parle en public, ou la peur liée au regard des autres ?
L’origine : dépasser le regard des autres
Une des peurs les plus importantes pour l’être humain, c’est la peur d’être exclu du cercle social, la peur d’être rejeté. Et par conséquent, ça nous amène à être effrayé à l’idée du jugement ou du regard des autres. Ça fait quinze ans que je me passionne sur cette question, et ça m’a amené à faire trois découvertes qui ont radicalement changé ma manière d’observer, de voir ce qu’était le regard des autres.
La raison pour laquelle ça me passionne autant, ce sujet, c’est que j’étais un jeune homme qui était mal dans ma peau, avec des pensées de suicide, j’avais du mal à oser lever la main en cours, à aborder cette fille qui me plaisait, du mal à être moi-même, et j’arrivais même d’ailleurs à faire une excellente performance, qu’il était capable le même soir d’être précoce et d’avoir une panne. Ce qui n’est pas donné à tout le monde, sincèrement. Du coup, je me suis lancé un défi, le défi de faire plein de choses que je ne connaissais pas, et qui m’effrayait lié au regard des autres.
Les petits défis : commencer avec ce qui fait peur
Ça a commencé avec le fait de lever la main en cours. Mes potes me disaient « mais tu penses que tu vas un jour arriver à être confiant en levant la main en cours ? Tout le monde sait faire ça. » À l’époque, j’étais trop stressé pour pouvoir répondre que oui, mais c’était bien la seule idée que j’avais.
Alors j’ai levé la main en cours, abordé des centaines d’inconnus, allé voir ces filles qui me plaisaient, parlé en public, je me suis même lancé le défi d’aller dans des boîtes de nuit et parler à la première moitié de la boîte de nuit, leur dire bonjour. Et en fait, je me suis rendu compte que la deuxième moitié de la boîte de nuit, celle qui arrive après, elle se dit « mais qui c’est ce type où tout le monde lui dit bonjour ? »
C’est-à-dire qu’en fait, ce qui se passe, c’est que vu que tout le monde a peur du regard des autres et tout le monde a envie, dans les yeux de l’autre, de paraître important, du coup, la première moitié de la boîte de nuit, dès qu’il passait à côté de moi, il faisait « salut ! ». Donc j’avais des gens qui me demandaient « mais est-ce que tu es le fils du patron ? Est-ce que tu es une célébrité ? Qui tu es ? » Et ça m’a fasciné de me dire que quelques détails dans ma communication, dans ma manière de respirer, pouvaient tout changer. Donc je me suis dit « je vais lancer une chaîne YouTube ». J’étais encore stressé, pas très à l’aise, mais j’ai envie de partager au plus grand nombre comment faire pour arriver à être plus à l’aise.
Donc je démarre ma chaîne YouTube. Déjà, je mets plusieurs jours à oser me filmer. Je mets plusieurs jours à oser mettre ma vidéo sur YouTube en privé.
Et je mets plusieurs jours à oser cliquer sur le bouton « publier » parce que je me dis « mais qu’est-ce qu’on va penser de moi ? ». C’est drôle d’ailleurs notre cerveau, parce que j’imagine que d’un coup, la terre entière va voir ma vidéo alors qu’il y a un milliard de vidéos. J’ai trois abonnés, moi, mon deuxième compte, ma mère. Et il y a un type qui sort de nulle part.
Je pense que YouTube a embauché une bande de cousins là pour entraîner les personnes qui ont du mal avec le regard des autres. Il y a un type qui sort de nulle part et qui marque « David, tu ne mérites pas de vivre ». J’en rigole aujourd’hui, je n’ai pas vraiment rigolé sur le coup. J’ai continué de faire des vidéos, plusieurs centaines de vidéos.
Chaque vidéo, essayer de faire quelque chose de différent, de nouveau, faire des vidéos dans le métro, faire des vidéos dehors, essayer d’apprendre à devenir un meilleur communicant. Et un jour, j’ai un pote qui m’appelle. C’est un des fondateurs d’un des plus gros incubateurs de start- up en Europe.
Il m’appelle « David, je viens de diffuser une de tes vidéos à toutes mes start-up ». Sur le coup, je lui dis « mais je suis trop content, merci, c’est top de la confiance que tu as en moi ». Je lui dis « quelle vidéo tu as choisi ? » Il me dit « une de tes premières ». Je lui dis « pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi une de mes premières ? » Il me dit « non, mais je sais ce que je fais. Je vais attendre quelques semaines et je vais leur donner une de tes dernières. » Je lui dis « mais pourquoi tu fais ça ? » Il me dit « je veux leur montrer que vraiment tout est possible.»
Et sur le coup, exactement comme vous, je me dis « c’est une critique, c’est un… ». Qu’est-ce qu’il veut dire par là ? Ça m’a amené à faire, comme je disais, trois découvertes qui ont transformé ma vision. Alors je vous montre cette image. Ça, c’est une image de mes premières vidéos où j’avais testé les t-shirts.
Je me suis dit « là, ça ne marche pas, c’est à cause du costume ». Donc je mets un costume et j’ai un type pareil qui sort de nulle part qui dit « il faut que tu arrêtes de mettre le costume de ton père ». Ça n’était pas le costume de mon père, mais je comprends pourquoi il disait ça. Grâce à lui, d’ailleurs, j’ai changé de costume. Et en fait, je me suis rendu compte que je mettais énormément de valeur sur les critiques.
Il y avait toujours des gens qui me disaient « t’es trop jeune, tu ne pourras pas y arriver, tu n’y arriveras jamais, tu ne t’exprimes pas assez bien ». Et je mettais trop d’énergie là-dessus, trop de poids à ce que les autres pensaient de moi. Donc j’ai continué. Je me suis dit « qu’est-ce que ça pourrait être un défi qui vraiment me fait flipper en partant d’un ancien timide Le truc qui était le plus stressant pour moi, c’était de louer une salle.
Défis plus grands, peur plus forte
Donc j’ai loué une salle de 1400 personnes et je me suis dit « j’ai un mois pour faire One Man Show ». Sachant que j’ai demandé à plusieurs personnes autour de moi qui m’ont dit « en un mois, jamais tu pourras faire One Man Show, c’est impossible ». Donc j’ai réservé une salle, ça a donné ça, 1400 personnes. J’étais terrorisé sincèrement avant de monter sur scène. Je pense que je n’ai jamais été autant de fois aux toilettes en 20 minutes avant de monter sur scène et ça m’a permis d’avoir ma première découverte.
L’entraînement, le fait de t’entraîner tous les jours à faire des choses que tu ne connais pas, le fait de te dépasser, le fait de te remettre en question et pourquoi pas apprendre des critiques parce qu’il y a des critiques qui étaient intéressantes. Je me suis rendu compte que l’entraînement, ça rend obsolète les critiques. C’est-à-dire qu’il y a plein de gens qui ont dit tout un tas de choses sur le fait que je ne pourrais pas y arriver.
Mais quand toi, tu n’es pas concentré sur les écouter, mais concentré sur apprendre et faire des choses que tu ne connais pas. Finalement, le temps qu’ils aient fini de parler, toi, tu as progressé. J’aimerais du coup partager aujourd’hui cette idée et cette invitation à aller faire des choses qui sont challengeantes pour soi.
Faire de la critique une énergie
Alors chacun sa taille. Aujourd’hui, j’ai le privilège, la chance de côtoyer, rencontrer, interviewer, accompagner des personnes qui excellent dans leur domaine, producteurs du Seigneur des Anneaux, des sportifs olympiques, des champions du monde, des entrepreneurs qui génèrent plusieurs dizaines de millions d’euros. Je peux vous dire d’ailleurs que peu importe là où ils en sont, tous sur Terre, il y a quelque chose qui nous fait peur au regard des autres.
Et mon invitation, c’est de dire qu’est ce que je peux faire qui me fait vraiment flipper et qui peut être va me permettre en plus d’être fier de moi. Être là avec vous, ça me permet de repenser à ce jeune homme que j’étais et de me dire waouh, ça me paraissait impossible et ça allait au delà de ce que j’imaginais parce que ça a démarré avec un truc où mes potes se foutaient de ma gueule, qui était de lever la main en cours. Je suis allé donc plus loin dans ces défis.
Je me suis dit OK, qu’est ce qui me ferait encore plus flipper que le spectacle et on va partir aux Etats-Unis et je vais annoncer à tout le monde sur ma chaîne YouTube et partout le plus possible que je vais interviewer 30 américains considérés comme inaccessibles. Sachant que quand j’annonce ça, j’ai aucune idée de comment je vais faire. Donc, je me retrouve à New York.
Première fois à New York, je ne sais pas comment je vais faire pour interviewer quelqu’un et j’obtiens l’interview avec Seth Godin, qui est un peu une légende aux Etats-Unis du marketing. C’est quelqu’un qui a accompagné Yahoo. A la fin de l’interview, il me dit quand est ce qu’il est ton train? Sous-entendu, ce serait bien que tu dégages.
Je suis sur le quai du train. C’est ma première interview de toute ma vie à New York, aux Etats- Unis. Je suis en train de réaliser que j’ai certainement raté une des interviews les plus importantes de ma vie.
La raison pour laquelle j’ai raté cette interview, c’est qu’en fait, mon anglais est pourri. Donc, Seth Godin, c’est quelqu’un qui passe aux Etats-Unis, le plus gros TED, à la télé, à la radio et qui est habitué à raconter des blagues. Sauf que quand il raconte une blague, il est habitué que les gens rigolent.
Mais vu que j’ai un mauvais anglais, quand il raconte des blagues, je ne comprends pas que c’est une blague. Des fois, je comprends deux minutes plus tard. C’est la raison pour laquelle mes interviews suivantes, quand tu les regardes sur ma chaîne YouTube américaine, tu vois que je rigole dans le doute.
Il y a des moments où je rigole, ça n’a rien à voir. Et c’est pour ça que j’ai plein de commentaires de ce type-là sur ma chaîne YouTube américaine. Alors, c’est la traduction. « Super interview, côté de l’interviewé, donc pas moi. Mais si j’entends encore ce Frenchie boy (c’est une traductio) pouffer de rire comme une fillette.. »
Dès comme ça, j’en ai des centaines. Des gens qui m’ont dit que ça serait mieux que j’arrête de parler anglais parce que ça leur fait mal à l’oreille. Des gens qui m’ont dit que vraiment, c’était les déshonorer, ces gens-là, que de les interviewer avec mon anglais de merde. Alors du coup, je me suis lancé d’autres défis. Parler, par exemple, devant 200 personnes qui étaient les dirigeants de boîtes de S&P 500, c’est un peu comme le CAC 40.
Et à la fin de mon intervention, j’ai quelqu’un qui va voir l’animateur et qui lui dit Mais pourquoi lui? Mais sincèrement, je veux dire, pourquoi lui? Il y a eu tous des excellents et pourquoi lui? J’ai un autre qui vient voir l’animateur et qui dit « Tu sais, dans tous les intervenants. Il n’y a qu’un seul que je retiendrai. J’ai pas tout compris ce qu’il a raconté. Mais par contre, je pense que notre entreprise. Elle a un peu plus besoin de l’état d’esprit qu’il a eu. Faire dix mille kilomètres, aller parler une langue qu’il connaît pas devant des personnes qui l’impressionne. Je pense que si on faisait un peu plus ça dans notre entreprise, il y a peut être des trucs qui pourraient se passer. »
Alors je commençais à me poser des questions. Est ce qu’il n’y a que moi qui suis critiqué? Donc je suis allé sur Internet, sur un site qui s’appelle Allociné, voir mon film préféré, ce que les gens en pensaient.
Et cinq Oscars, deuxième meilleur film au box office monde l’année de sa sortie. Et quand tu vas sur Allociné, que tu regardes les commentaires les plus mauvais, t’as des personnes qui sont sincères. Et je vous en ai sélectionné trois que j’ai vus aujourd’hui, que j’ai trouvé magnifiques.
Alors le premier, c’est sans aucun doute un des films les plus ratés de l’histoire du cinéma. Bref, une daube magistrale. OK, c’est mon film préféré.
Le film est tellement nul qu’il devient une parodie. Les joueurs jouent mal et n’ont aucun charisme.
Et le dernier, je l’ai trouvé efficace, insupportable.
Et ça m’a soulagé. Ça m’a soulagé parce que je me suis dit, c’est Gladiateur. Les gens peuvent dire ça.
Franchement, tout est possible pour moi maintenant. Ça m’a soulagé, ça m’a donné ma deuxième découverte. C’est qu’en fait, quoi que tu fasses, tu peux être le meilleur sportif au monde. Tu peux être Michael Jordan. Tu peux être Kobe Bryant. Tu peux être n’importe qui, exceller, passer toute ta vie à essayer d’exceller dans un domaine, l’art, la science, l’entrepreneuriat, t’auras toujours des gens pour dire que ce que tu fais, c’est pourri. Et le pire, c’est qu’ils sont sincères.
Et ça a été une deuxième découverte importante pour moi et qui s’est appuyée par des travaux scientifiques. Donc, Geraint Rees, qui est professeur à l’université à Londres. En fait, il s’est rendu compte que notre cerveau, chaque être humain a un cerveau qui est différent.
Et donc, par conséquence, notre perception du monde, elle est différente pour chaque personne. Et c’est la raison pour laquelle ce qui est important pour toi, pour d’autres, c’est pourri. Et c’est une bonne nouvelle.
En fait, on peut se libérer de l’idée que d’autres personnes puissent nous critiquer et juste intégrer cette deuxième découverte. La critique est inévitable. Je le savais déjà.
Mais rencontrer des scientifiques pour me le partager et vivre cette expérience m’a libéré. Et donc, vu que c’est inévitable, autant aller faire ce qui me fait vibrer. Si ce qui vous fait vibrer, c’est de l’art, autant aller faire de l’art.
Si c’est voyager, voyager. Si c’est apprendre une langue, apprenez une langue. Faire un tour du monde.
Partir dans l’espace. Créer votre entreprise. Combien de personnes je vois ne pas oser faire des choses qui sont importantes pour elles juste parce qu’il y a quelqu’un de leur entourage, un ami, un enfant, un parent, un collègue de travail qui leur dit c’est mort.
Commencer petit pour grandir
Suite à ça. Je suis allé plus loin dans un autre défi qui était d’interviewer des personnes qui excellent et j’ai pu interviewer quelqu’un qui est un des plus grands acteurs français, comédien et qui fait aussi du théâtre. Et en privé, il m’a raconté une anecdote de sa vie.
Il est sur scène, devant une salle comme ça. C’est impressionnant, sincèrement, quand tu rentres dans une scène comme ça. Il est 19h30, le spectacle démarre à 20h.
Il est paniqué, il ne se sent pas bien. Il est habitué au stress, mais là, c’est particulier. 19h45.
Toujours dans les loges et stressé. Il n’arrive pas à se rappeler de son texte. 20h, l’heure du début du spectacle, il est toujours dans les loges.
A votre avis, qu’est-ce qui se passe ? 20h15, toujours dans les loges, paniqué, les mains moites. Il n’est pas bien. Et plus le temps passe, plus il se dit mais avec la renommée que j’ai, c’est vraiment la honte de monter sur scène si je bafouille, si je ne connais pas mon texte.
20h30, toujours dans les loges. Ça fait 30 minutes que la salle attend. Son metteur en scène est perdu autant que lui.
Il lui dit écoute, fais quelque chose, monte sur scène, prends ton texte, vas-y. Il dit mais je ne vais pas monter avec mon texte, c’est ridicule. 20h45, il décide de prendre son texte et monter sur scène.
A votre avis, qu’est-ce qui se passe suite à ça ? Il va passer tout le reste de la pièce de théâtre avec le texte à la main. Incapable de retrouver son texte. C’est long.
Une pièce de théâtre entière quand tu es stressé et paniqué et que tu as ton texte à la main. Et à la fin, il va avoir la standing ovation la plus longue, la plus grande qu’il n’a jamais eue de toute sa carrière. Trois ans plus tard, il est dans une autre ville et il y a quelqu’un qui vient le voir en lui disant mais j’étais là ! J’étais où ? J’étais là ce soir-là.
Le soir où vous aviez votre texte, c’est peut-être pas pour vous le meilleur spectacle de votre vie, mais pour moi, ça a été le plus impactant de ma vie. Ce soir-là, il a transformé ma vie. Vous n’imaginez pas le nombre de choses que je n’osais pas faire par peur d’être critiqué, parce que je me disais que ce n’était pas encore parfait, parce que j’attendais d’être parfait pour démarrer mon entreprise ou démarrer de parler en public.
Et ce soir-là, vous m’avez libéré, je me suis donné l’autorisation d’aller réaliser mes rêves. Merci. Merci.
Quand il me raconte cette histoire, ça m’impacte énormément, parce que je me rends compte que je suis extrêmement attaché au regard des autres. Et en fait, on est extrêmement addict à être valorisé par les autres. Et je me rends compte qu’à partir du moment où tu te libères du besoin d’être valorisé par les autres, tu te libères aussi, au passage, d’être critiqué par les autres.
Et plus important encore que ça, j’ai fait une troisième découverte qui était hyper importante pour moi. C’est qu’en réalité, le seul risque que tu as quand tu prends le risque d’être critiqué par les autres, c’est d’inspirer quelqu’un. C’est que quelqu’un te voit, t’entende, te regarde et se dit s’il peut le faire, si elle peut le faire, je peux le faire aussi.
Combien ça vaut d’inspirer sa mère, son père, ses enfants, un inconnu ? Est-ce que ça ne vaut pas une petite critique ? Quelqu’un qui va juste te dire que ce que tu fais, c’est nul. Alors je vous ai parlé de beaucoup de choses de plus en plus grandes pour moi, mais il y avait un truc que je n’osais pas faire, qui pour beaucoup de gens est extrêmement simple, et que j’ai laissé chaque année passer en me disant que je le ferais plus tard. Ça me terrorisait bien plus que d’aller passer sur scène en anglais.
C’était de dire je t’aime à mon père. Mon père, il a été abandonné par son père, puis par sa mère, puis par sa grand-mère. Il a eu du mal à comprendre ce que c’était de se sentir aimé, et du coup, j’ai eu une adolescence où je l’en ai beaucoup voulu, et je prétextais mon manque d’estime de moi sur lui.
Dire je t’aime à mon père, c’était hyper stressant pour moi, bien plus que tout ce que j’ai fait aujourd’hui dans ma vie. Encore une fois, c’est cette peur du regard des autres, la peur que mon père ne réponde pas, la peur qu’il me rejette, parce que je me suis senti rejeté par lui pendant cette enfance. Et un jour, je prends mon téléphone et j’écris à mon père, « Papa, je t’aime.»
Faire ça, cet acte de courage pour moi, c’était plus important que plein de choses que j’ai pu accomplir. Le lendemain, pas de réponse de mon père. Le surlendemain, pas de réponse de mon père.
Et le troisième jour, j’oublie le SMS. Le fait d’oublier le SMS, c’était une des plus belles victoires de ma vie, parce que pour la première fois de ma vie, ce n’était plus si important que mon père me reconnaisse ou que quelqu’un me reconnaisse. Ce n’était plus si important qu’il me réponde, parce que j’avais fait ce qui était important pour moi.
Deux semaines s’écoulent. Mon père a dû pendant deux semaines se demander qu’est-ce qu’on répond à un SMS comme ça. Parce que personne ne lui a dit ça.
Et après deux semaines, il a trouvé une formulation que j’ai trouvée intéressante « La réciproque est vraie. »
J’aurais reçu ce SMS à 15 ans, je lui en aurais voulu pour ça.
Mais quand je reçois ce SMS il y a quelques années, j’ai les larmes aux yeux, parce qu’en fait, mon père, je réalise par toutes ces expériences, le prendre dans mes bras alors qu’il se raidit, que mon père m’a toujours aimé, sauf que je n’étais pas capable de le voir, parce qu’on a deux cerveaux différents et deux enfances différentes. Mon père m’a donné tout ce que lui n’a pas eu. Un toit, à manger, des études.
Et quand je pensais qu’il ne m’aimait pas, ce qu’il me disait, c’est « fais attention, continue tes études, parce que moi je sais ce que c’est de ne pas manger. » J’ai compris que mon père m’avait toujours aimé. Et suite à ça, ça a changé notre relation.
D’ailleurs, j’ai beaucoup de gratitude pour mon père aujourd’hui, parce qu’il participe à la réussite de mon entreprise, parce que j’ai osé traverser ce regard de l’autre et être prêt à être rejeté par lui. Donc j’aimerais terminer par une invitation. L’invitation que vous alliez faire, au moins une petite chose, inconfortable pour vous.
Invitation à agir aujourd’hui
Elle peut être petite aux yeux des autres, ou grande pour vous. Ça peut être un truc énorme aux yeux des autres, ou simplement lever la main en cours. Parce qu’en fait, j’imagine un monde, et j’ose imaginer avec vous un monde, où si nous, ensemble, on ose faire des choses qui nous inspirent, on pourra peut-être voir ensemble un monde où il y a des jeunes, des enfants et des adultes qui osent vivre la vie qui les fait vibrer, peu importe ce que les autres pensent.
Et j’ai envie de terminer avec cette phrase de Steve Jobs que j’adore, qui a marqué ma vie. « Votre temps est limité. Ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre.»
Merci à vous
Ressource : TEDx de David Laroche
La transcription qui suit est issue de la conférence “Se libérer du regard des autres en 5 minutes” donnée par David Laroche lors du TEDxGEM (2018).
Voir la vidéo complète sur YouTube
Crédits :
- Orateur : David Laroche
- Événement : TEDxGEM
- Traduction : Claire Ghyselen
- Relecture : Eric Vautier




